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Les pères absents aux baptêmes

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jerome4
male
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En consultant certains registres paroissiaux, j'ai constaté que pour certaines paroisses (pas beaucoup en réalité), les pères sont sytématiquement absents aux baptêmes de leurs enfants, et ce, quelque soit l'époque de l'année.
Sur différents forums, on me dit que le père était sans doute parti travailler au loin, ou parti faire la guerre, mais évidemment cela n'est pas possible avec "l'ampleur du phénomène".

Ainsi, dans différents forums, on m'a signaler des "cas" en Ille et Vilaine et en Mayenne, mais aussi dans les vosges où le curé de Suresne écrivit:"
" Un abus assès général dans les campagnes est que les peres ne soient pas
presens au bapteme de leurs enfans. Cet abus subsistoit à Suresnes comme
ailleurs ..."

Dans la région de Lille, un curé écrivait également dans un acte de baptême que le père était absent selon la coutume de Lille.

J'ai remarqué également, que bien souvent, le parrain est le seul homme
mentionné pour les baptêmes.
Lorsque le curé énumère les personnes présentes, bien souvent ce sont des
femmes, or on sait que les curés n'ont pas vraiment l'habitude de les citées en priorité
pour les autres actes (mariage, sépultures)

Il est possible que dans beaucoup de paroisse, l'enfant est du domaine réservé à
la femme, y compris pour le baptême...

Si vous avez également trouvé d'autres paroisses dans ce cas, il serait peut-être intéressant de les signaler.
Evidemment, il ne faut pas tenir compte d'actes isolés où le père est absent, mais seulement lorsque cela est généralisé à la paroisse.



mbicaismuller
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Bonjour Jérome

effectivement les pères semblent ne pas être présents, mais je hasarderai quelques explications (sans certitudes) :

les baptêmes n'ont pas lieu le Dimanche, ni plusieurs semaines ou mois après la naissance ainsi qu'on le voit de nos jours, ils ont lieu le jour même ou le lendemain " né ce jour, né hier " car un enfant mort sans avoir reçu le sacrement du baptême ne va pas au ciel. Les pères sont au travail, les femmes sont plus disponibles pour s'occuper de l'accouchée, du bébé et  de ce rite, cette cérémonie, cette formalité, on l'appelle comme on veut.

Cordialement

Marie Louise
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joussetgenea
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Est-ce que vous pourriez préciser les lieux et les dates ? (Même "à la louche")

Pour répondre à votre question, je n'ai jamais vu ça ni en Sarthe ni en Anjou. Les seuls actes ainsi sont des cas "normaux" (père morts avant la naissance du bébé, partis à la guerre, inconnus...) Chez nous donc, les pères assitent bien aux baptêmes... Ce qui fait que la réponse de Marie Louise, pour logique qu'elle soit, me surprend. La presque totalité des pères travavaillent la terre et donc sont libres de prendre quelques heures de répit, quitte à travailler à un autre moment...
mbicaismuller
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Bonsoir Florence

" semble ne pas être présents "

J'ai contrôlé 5 baptêmes, dans ma lignée, entre 1742 et 1750 à Manosque. Le père est mentionné présent sur un seul acte  :il est dit qu'il a signé.

Dans les 4 autres, seuls les parrains et marraines ont signé ; seule mention du père : " a été baptisé Untel fils de "

On peut supposer que les pères étaient absents, ce n'est pas une certitude.

Cordialement

Marie Louise
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jerome4
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Bonsoir,
En fait, j'ai remarqué personnellement cela pour les registres paroissiaux d'une seule paroisse sur la trentaine que j'ai l'habitude de visionner. Il s'agit de Javené, pour la période 1675-1700. Je n'ai pas consulter les registres ni avant ni après cette période.

Peut-être qu'il y en a d'autres car bien souvent le curé ne précise pas si le père est présent ou pas.

Evidemment, cela ne passe pas inaperçu lorsque le curé mentionne pratiquement à chaque fois "en l'absence du père".

Tout d'abord j'ai pensé comme Marie-Louise, les pères étant occupés aux travaux des champs ou autres mais comme c'est toute l'année que ça se produit, j'ai l'impression que ça serait un faux prétexe.
D'autant plus que dans d'autres paroisses, le père est présents. Alors pourquoi celle-ci et pas une autre.

Après tout le père n'est pas indispensable au baptême, c'est le parrain et la marraine qui présente l'enfant au curé, c'est aussi eux qui choississent le prénom. Souvent ils sont accompagné de la sage-femme (souvent mentionnée parmi les personnes présentes). Sans doute que tout simplement dans certaines paroisses, la majorité des pères ne prennent pas la peine de les accompagner,  et comme ils sont majoritaires, ils ne passent pas pour des "goujats". ;D
joussetgenea
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Marie-Louise,

Je ne mets pas du tout en doute que vous ayez trouvé des actes de baptêmes sans le père. Non, ce qui me surprend c'est votre explication : ils sont au travail. Jérôme ajoute d'ailleurs que ceci se produit tout au long de l'année...

Pour compléter ma réponse, j'ai surtout vu des actes du XVIIIe ; ils ne sont donc pas aussi vieux que les vôtres, Jérôme, et cette façon de faire peut avoir concerné une période seulement.

Autre piste de réponse : la mère n'est jamais au baptême ; il faut qu'elle attende les relevailles. En Anjou, il s'agit d'une cérémonie exclusivement féminine. Le seul homme qui assite est le curé ! Les femmes allaient aux relevailles un mois après l'accouchement et pendant ce mois, elles sont considérées impures et ne mettent pas les pieds à l'église.

Je trouverais juste que le père soit également considéré impur ! Mais je ne pense pas qu'il s'agisse de ça : si le curé mentionne "le père absent", c'est qu'il ne s'agit pas d'une évidence, comme pour la mère...
joussetgenea
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En fait presque tous mes actes sont de cette forme :

Le tant moi curé de tel endroit ai baptisé Untel, fils de Untel et Unetelle, le parain a été Tartempion et la marraine Unetelle <b>qui ne signent</b>

J'en ai relu une bonne vingtaine, la majorité de mes ancêtres ne signent pas, mais ceux qui savent ont signé tout de même. Sur deux actes dont le père ne signe pas il est écrit "le père présent" jamais "le père absent"
bricor
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Bonsoir,

Effectivement, moi aussi, j'ai remarqué en Provence l'absence de la mère au baptême.  La raison est bien celle que donne joussetgénéa : la femme est impure pendant le mois qui suit l'accouchement et ne rentre pas dans l'église. Seuls, les parrains et marraines assistent au baptême.
Peut-être que les hommes laissaient les exercices de la religion aux femmes. Qu'en pensez-vous ?

Cordialement

Brigitte
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bricor a écrit : 29 juin 2009, 22:21
Peut-être que les hommes laissaient les exercices de la religion aux femmes. Qu'en pensez-vous ?



Bonjour

je pense que  c'est l'une des explications.

Par ailleurs Jérome remarque que l'absence supposée des pères se situe tout au long de l'année et que les travaux des champs n'expliquent pas tout, certes, mais le reste du temps ils ne devaient pas être oisifs, enfin c'est juste mon avis   ;)

Cordialement

Marie Louise

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Je ne veux pas être trop mauvaise langue mais il y a toujours un bar pas trop loin de l'église, et chez nous, en plus, il y a un jeu de boules.... ;D

Brigitte
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gillereau
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bricor a écrit : 30 juin 2009, 13:41 Je ne veux pas être trop mauvaise langue mais il y a toujours un bar pas trop loin de l'église, et chez nous, en plus, il y a un jeu de boules.... ;D

Brigitte
Pour les baptêmes je ne sais pas mais je me souviens que dans ma basse Bretagne natale, tous les hommes quittaient la messe au début du sermon pour rallier le bistrot de la place (il est inimaginable qu'en Bretagne il n'y ait pas de bistrot sur la place de l'église). Ils revenaient ensuite. La sécheresse, sans doute....

Daniel
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Bien qu'on s'éloigne du sujet de départ, l'ouverture des cabarets pendant la grande messe a été, il y a très longtemps déjà réglementée par le parlement de Bretagne.
D'après Bruno Restif, dans son livre "la révolution des paroisses en Haute-Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles"
"
Le parlement de Bretagne, qui est certes une juridiction laïque, intervient sur cette question dans la mesure où il considère qu'elle concerne l'ordre public. Par des arrêts pris en 1627, puis en 1670, 1671, 1686, il interdit de fréquenter les tavernes au moment de la grand-messe, car la présence dans les premières empêche évidemment d'assister à la seconde. Bien plus, il interdit de fréquenter le cabaret non seulement pendant la messe, mais aussi avant et après l'office, comme le montrent les arrêts du 4 novembre 1684 et du 14 août 1699 .... En revanche, certains fidèles ne considèrent pas comme incompatibles le respect de Dieu et l'assistance à la grand-messe d'une part et la fréquentation des cabarets, lieux de sociabilité, d'autre part. Les dimanches et fêtes chômées constituent en effet les seuls jours où l'ensemble des paroissiens se retrouvent au bourg
"
mbicaismuller
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Autres temps, autres lieux, autres usages

J'étais aujourd'hui dans les registres de Sisteron autour de 1780. La présence du père était mentionnée dans presque tous les actes de baptême.

En ce qui concerne la fréquentation du bar, ce n'est certainement pas pour rien que la loi dit maintenant qu'un bar doit être situé à plus de 40 mètres de l'église. Celà dit, si elle est scrupuleusement appliquée, les 3 cafés du village à côté du mien peuvent fermer leurs portes. ;D

Marie Louise
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jerome4
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mbicaismuller a écrit : 30 juin 2009, 18:16 En ce qui concerne la fréquentation du bar, ce n'est certainement pas pour rien que la loi dit maintenant qu'un bar doit être situé à plus de 40 mètres de l'église. Celà dit, si elle est scrupuleusement appliquée, les 3 cafés du village à côté du mien peuvent fermer leurs portes. ;D

Marie Louise
De toute façon dans les petites communes, il n'y a plus de messe le dimanche. Pour les autres c'est une fois par mois et encore...
D'ici quelques années, les messes existeront que dans les villes...
joussetgenea
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Chez nous une messe par mois environ, et ça tourne sur 4 communes.

Jusque vers la fin des années 70 comme le dit Daniel, ils allaient au café voisin et restaient debout au fond de l'église pourtant très grande. D'ailleurs il y avait un côté pour les femmes et l'autre pour les hommes. Ensuite après la grand-messe, ils allaient taper leur belote tandis que leurs femmes faisaient les courses. Puis tout le monde retournait dans la voiture familiale à la ferme. On ne venait qu'une fois par semaine au bourg.

Pour les baptêmes ils restaient davantage en famille mais allaient tout de même arroser ça avec le père du bébé, tandis que les femmes jetaient les dragées et se donnaient mutuellement des nouvelles de tout le monde. Enfant, si je pouvais m'échapper j'allais avec mon père ; j'aimais bien l'ambiance du café à cause des brèves de comptoir ! Ce que j'ai pu rire !
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