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Naissance fille handicapée et... culpabilisation de la mère !

Le bistrot, c'est l'endroit où vous venez raconter vos dernières trouvailles, une découverte inattendue que vous avez faite, une rencontre émouvante, ou débattre des problèmes qui se posent à vous pendant vos recherches généalogiques, sans oublier les questions d’éthique en matière de généalogie et d'Internet.
lyonnais92
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Bonjour,

cette naissance cauchemardesque a du provoquer horreur et effroi dans la famille et tout le village. "Comment une telle chose a-t'elle pu arriver ? Est-ce qu'elle va se reproduire ? " devait être dans toutes les têtes et en premier lieu dans celle de la mère.

Trouver une explication avec les ignorances et les préjugés de l'époque était une nécessité.

Celle retenue a le mérite de "protéger" la mère de soupçons beaucoup plus graves (pour sa réputation car sa vie n'était pas menacée à cette époque) sur elle et sur sa parenté. C'était un "accident". En plus, elle n'était probablement pas la seule à avoir vu ses regards attirés par cette statue.

Pourquoi le curé a-t'il jugé nécessaire d'en rendre compte dans ses registres ?

Ceux qui les ont lu pourront dire si c'est tout à fait exceptionnel ou si on trouve mention d'évènements particulièrement marquants (mauvaises récoltes, inondations, ...).

Mon hypothèse est qu'il a écrit "l'histoire officielle" de ce drame horrible afin de couper court aux rumeurs qui auraient pu se développer, avec les risques d'amplification et de déformation qui vont avec. Un accident dont la cause sert ses intérêts idéologiques et protège sa communauté d'une possible fracture (par la stigmatisation d'une famille).

Cordialement
jmff2
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@lyonnais 92 : nous sommes sur la même longueur d'ondes !
Cordialement,
MF

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Charles Trénet

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allemand5
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Le document initial date de 1766.
Pour ma part je tente toujours de lire un document en me référant aux connaissances et à la culture de l'époque et en me replaçant à cette époque.
En 1677 Antoni van Leeuwenhoek découvre des "animalicules" dans le sperme humain.
La compréhension de la fécondation humaine ne se fera qu'à la fin du XIX début du XXeme siècle.
Avant cette époque la religion (catholique dans ce cas) remplace la Science.
Je ne peux émettre un jugement de valeur avec mes connaissance actuelles.
Ce document m'éclaire donc seulement sur ma connaissance d'une époque
Comme dit Bricor : "Heureusement qu'il y a les progrès de la médecine, les IRM, les scanners et les recherches génétiques." et les femmes ont été disculpées. Alléluia !
P.S. pour Buhotmarc je partage bien sûr sa vision des choses. La déclaration est bien de 1789 suivie en 1948 par la déclaration universelle des droits de l'homme soit 4 ans après le droit de vote des femmes (sauf erreur de ma part)
Ce que je regrettai était simplement que la phrase "les hommes et les femmes sont égaux" était TOUJOURS tronquée et que nulle part on ne disait "en droit". Ceux qui l'ont rédigée ont jugé utile et à raison de le préciser, c'est tout.
Pas de quoi fouetter un chat.
Amicalement
pelisson
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nbernad a écrit : 15 septembre 2018, 08:42 Il fallait bien trouver une explication au polyhandicap de l'enfant
On ne parlait pas d'affection congénitale, ni d'hérédité ou génétique

La mère était forcément coupable :(

Déjà, elle était impure du fait de son accouchement et devait se soumettre à la purification lors de la cérémonie des relevailles devant la porte de l'église souvent au petit matin (elle ne participait pas au baptême du fait de cette impureté)
Puis la femme était créature diabolique donc............et créée à partir d'un os
Cette mère était peut-être suspectée par la communauté villageoise, d'avoir eu "commerce" avec le diable un soir de sabbat...une sorcière donc

Bref! Le curé s'est montré magnanime; les statues ont peut-être bon dos.sauf s'il s'agit de statues de chimères ou de diablotins

La superstition palliait le manque de connaissances; ne pas oublier qu'on brûlait facilement les femmes convaincues de sorcellerie
+1, c'est ma vision aussi, il faut trouver une explication et comme par hasard ça relève de la mère...
Pelisson
predigny
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Un article très intéressant qui répond, me semble-t-il, à nos interrogations :
"souvent, des femmes ont été amoureuses d’images et de statues, et ont enfanté des enfants semblables à icelles"
Voir : www.france-pittoresque.com/spip.php?article5253
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pelisson a écrit : 15 septembre 2018, 18:43

+1, c'est ma vision aussi, il faut trouver une explication et comme par hasard ça relève de la mère...
Pelisson
Bonsoir

je viens de relire l'intégralité de l'acte dans le registre (pour lire le rajout (+) que l'on voit sur la capture)

il y a tout d'abord la description des problèmes qui se termine par

la figure pleurante comme les deux génies en pierre qui sont
sur mon autel qui ont les jambes rompues (+)
(+) sans langue sinon un petit bouton au bord du gosier

la mère de l'enfant en venant se confesser avait
regardé avec plaisir les deux statues ainsi qu'elle
l'a dit ce matin à plusieurs personnes


Pour finir le curé explique qu'il a emmené l'enfant à la cure et l'a examiné avec
la veuve d'un avocat, la femme du greffier et plusieurs autres personnes

Je suis désolée mais je ne voit pas, tel que c'est rédigé, que l'on accuse la mère ;
c'est bien elle qui attribue les malformations au fait qu'elle a regardé les statues.
De ce que je lis, elle se culpabilise toute seule.

Peut être cela arrange t-il le curé et le reste de la communauté (mais c'est une supposition et je préfère m'en tenir aux faits)

Cordialement
Marie Louise
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Plus ça va, plus je crois que cet acte est un "compte rendu médical" qui contient pas mal de croyance de l'époque, comme le fait d'avoir du plaisir à regarder un statue peut influencer embryogenèse. Mais est-ce si ridicule que cela ? Les recherches modernes montrent l'influence énorme de l'environnement sur le développement d'un embryon et on est sans doute pas au bout de nos surprises dans ce domaine et même si la théorie de Darwin qui privilégie le hasard dans l'évolution a toujours le vent en poupe, celle de Lamarck pourrait bien reprendre du poil de la bête.
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pelisson
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"Peut être cela arrange t-il le curé et le reste de la communauté (mais c'est une supposition et je préfère m'en tenir aux faits)"
Ben justement les faits, c'est la naissance d'un enfant handicapée, le reste, c'est à dire les causes, c'est de la supposition et cette dernière met en cause qui donc ?
Pelisson
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Bonjour

mais bien sûr que c'est la mère qui est mise en cause

ce que je tente d'expliquer c'est que certains disent qu"on la met en cause (le curé, la communauté)

alors que dans le texte, c'est elle qui s'auto désigne.

C'est pourquoi je dis que je m'en tiens aux faits.

Cordialement
Marie Louise
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Bonjour,
des maladies comme la rubéole, rougeole, etc peuvent engendrer des problèmes lors du développement du fœtus, mais je ne suis pas un expert en ce domaine.
Cordialement
Stéphane
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Hé!
En plus ce bébé est né un jour de Jeudi Saint
Jour sacré s'il en était

Mais le curé s'est montré magnanime (bienveillant), il n'a pas condamné, il s'est contenté de décrire sans porter de jugement
Selon ses dires, c'est bien la mère qui s'est accusée
La superstition (interprétation contemporaine des faits) et les croyances faites de culpabilité, peur, ignorance ont conduit une femme à supporter tout le poids du handicap de son enfant
Elle ne s'est pas contentée d'en parler au curé, elle l'a dit à d'autres personnes
Si ça se trouve, le curé a peut-être été le seul à se montrer bienveillant; le ton de l'acte montre une certain impartialité, neutralité
;) Et il laisse un témoignage "intéressant" pour la postérité
Nadine

"Si la vie est éphémère, le fait d'avoir vécu une vie éphémère est un fait éternel. ": Vladimir JANKELEVITCH
lyonnais92
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Bonjour,

"s'en tenir aux faits" ne me semble pas si simple que cela.

Des faits, nous ne connaissons que le récit qui en est fait dans cet acte de baptême.

Le tenir pour véridique et complet me semble déjà une interprétation.

Le consensus dans ce fil est que ce qui est écrit est véridique. Il y a de bonnes raisons à ce consensus :

- la description des malformations dont est victime cette malheureuse enfant est "clinique", sans outrance

- la déclaration de la mère est conforme aux croyances de l'époque (et des époques antérieures) ainsi que le dit le document cité par predigny.

Qu'il soit complet est une autre affaire.

Rien n'est dit de ce qu'on pu en dire (ou penser) les autres membres de la paroisse, y compris le curé lui-même.

Remarquer que les deux seules témoins de l'examen sont d'une part des femmes, d'autres qu'elles sont liées, par mariage, à des juristes (veuve d'un avocat et femme d'un greffier) relève déjà de l'interprétation, en considérant ces mentions comme significatives.

Je pense qu'elles sont effectivement significatives.

La première est que la gestation, l'enfantement et la petite enfance sont "l'affaire des femmes" à cette époque. Le curé a requis les services des personnes "compétentes" du domaine.

La seconde est qu'il s'est assuré d'avoir des témoins fiables si cette naissance devait faire l'objet d'autres investigations.

Mais c'est effectivement de l'interprétation.

====

Trois remarques (factuelles) sur les documents.

1) La naissance est datée (du Jeudi Saint 27 mars 1766).

Le baptême n'est pas daté.

La rédaction de l'acte est probablement du dimanche de Pâques :

- l'examen a eu lieu après la "Sainte Messe" devant tous les paroissiens. Outre qu'il n'y a pas de messes les Vendredi et Samedi Saint, il semble que la messe en question ait été particulièrement solennelle

- la déclaration de la mère est datée du même jour.

2) L'exemplaire communal et l'exemplaire du Greffe diffèrent.

Le rajout sur la langue ne figure que dans le premier.

Toujours sur l'exemplaire communal, entre les 2 actes, il y a une mention que je n'arrive pas à lire en totalité.

Je lis "enfant extra" mais je n'arrive pas à lire la suite (ni s'il n'y a pas quelque chose avant "enfant".

3) Je n'ai pas vu d'inhumation de cet enfant dans les 12 mois qui suivent. Ca ne veut pas dire qu'elle a survécu. Je n'ai pas vu d'inhumation d'enfant de moins de 4 ans dans les quelques pages que j'ai consulté. Et rien ne dit que l'enfant est restée dans sa famille. A contrario, il y a eu baptême sans ondoiement. Elle a donc vécu jusqu'au baptême.

Cordialement

Edit

Si ça peut éviter une polémique stérile "rester au plus près du texte" me semble plus adapté que "s'en tenir au fait".

Dans ma lecture des textes (même pas "très anciens"), j'essaye d'appliquer ce que dit Duby dans les premières pas de "Le chevalier, la femme, le prêtre".. Il fait avec les documents disponible et essaye de distinguer ce qui est significatif dans la gangue de préjugés idéologiques des rédacteurs.
dbassanobarat
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La théorie des "empreintes" était extrêmement répandue depuis l'Antiquité. on considérait que la contemplation d'images pendant la conception d'un enfant, allait donner une ressemblance physique ou mentale de cet enfant avec l'image.
Platon dans la République imagine une société "idéale", dont il essaye de penser les conditions de reproduction avec des considérations démographiques et eugéniques et il a une phrase très curieuse il dit que quand les individus de la classe supérieure "les gardiens et les gardiennes" seraient autorisés à procréer "dans l'intérêt de l'Etat" il faudrait que ce soit à des heures savamment calculées ... par les devins (une sorte d'horoscope) et que dans la pièce il faudrait disposer des statues de grands hommes illustres afin que l'enfant à naître puisse leur ressembler.
Ce fatras très obscurantiste de notre point de vue (et terriblement réactionnaire dans la Grèce du IVème siècle pourtant berceau de la démocratie ) était cependant accompagné d'une parfaite égalité des sexes, "gardiens et gardiennes "recevant strictement la même éducation, les mêmes droits ,les mêmes devoirs dans cette vision d'une société "idéale". Cependant dans son dernier dialogue Platon dira bien que la nature féminine est bien inférieure à la nature masculine, chassez le naturel ...
Cordialement
Dominique
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