Les noms de famille alsaciens

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Les noms alsaciens et les noms allemands sont les mêmes à quelques variantes graphiques près, et le type de formation est identique : alors que dans d’autres régions on a surtout fait usage de noms de personnes (ou prénoms), de noms de lieux (phénomène caractéristique du Sud-Ouest et notamment du Pays Basque), ici ce sont les noms de métiers qui tiennent le haut du pavé. Les quatre noms les plus portés en Alsace ces cent dernières années sont dans l’ordre Meyer, Muller, Schmitt et Schneider. En Allemagne, le quatuor de tête est identique, à l’exception de l’ordre : Muller, Schmidt, Meyer et Schneider !

Des noms de métiers omniprésents

Le nom Muller (Müller, Mueller) désigne le meunier, un métier aussi indispensable dans un village que celui de forgeron, représenté ici par les Schmitt ou Schmidt, la présence de ces noms en tête de liste n’ayant rien pour surprendre. Quant aux Schneider, ce sont des tailleurs d’habits, le nom étant souvent porté par des juifs askhénazes (yiddish shnayder). L’une des particularités de l’Alsace est en effet d’avoir toujours abrité une importante communauté juive, phénomène qui explique sans doute en grande partie la place du nom Meyer au premier rang des patronymes alsaciens.

Normalement Meyer est une variante de l’allemand Maier, Meier (autre forme : Mayer), qui peut avoir plusieurs significations : outre celle de fermier ou métayer, communément admise pour les noms de famille, on ne peut négliger celle de maire (également régisseur, majordome), autant de sens qui sont valables pour bon nombre de porteurs du nom. Mais pour les juifs il faut envisager une autre solution : la germanisation du mot hébreu me’îr (= lumineux, celui qui éclaire), titre donné notamment aux docteurs du Talmud. N’allons pas pour autant tomber dans des interprétations excessives : si de nombreux Meyer sont d’origine juive, c’est loin d’être le cas pour tous les porteurs du nom.

Autres métiers très bien placés au hit-parade, ceux de pêcheur (Fischer), tisserand (Weber), charpentier (Zimmermann), charron (Wagner), tonnelier (Kieffer, variante : Küfer). Plus délicat à interpréter, le nom Keller a en allemand le sens de cave, cellier. On pense qu’il a dû désigner un économe, un intendant. Le paysan, le cultivateur est représenté par les noms Bauer et Baumann, l’activité agricole étant sans doute présente aussi dans le patronyme Huber (Hueber), celui qui exploitait une “hube” (mesure de superficie et par extension parcelle de terre). Toujours en liaison avec la terre, les Hoffmann étaient des fermiers et les Lehmann des vassaux, des vavasseurs, qui tenaient leur propriété d’un suzerain. Enfin, les Metzger sont des bouchers, les Beck ou Becker des boulangers, les Koch des cuisiniers, les Kauffmann des marchands et les Schaeffer des bergers.

Les noms de personnes

Ils sont bien entendu très nombreux eux aussi, le plus répandu étant en Alsace Walter, équivalent de Gautier (nom germanique Waldhari : waldan = gouverner + hari = armée). Il arrive en huitième position, précédant de peu l’inévitable Martin. Le nom Fritsch, équivalent alsacien de l’allemand Fritz, est un hypocoristique du prénom Friedrich (= Frédéric), la langue allemande étant friande de formes courtes pour les prénoms les plus usuels. De la même façon, Heitz (également Heinz, Heintz) est un raccourci de Heinrich (= Henri), Lutz correspond à Ludwig (= Louis) et Goetz à Gottfried (= Geoffroy, Godefroy). Autres noms de personnes très fréquents en Alsace : Simon, Peter, Heinrich, Wendling, Herrmann, Kuhn, Ott, Arnold, Hartmann, Michel, Dietrich (voir les définitions dans Geneanet).

Les surnoms les plus répandus

Pas de trop grandes surprises avec les surnoms, les plus fréquents étant liés à la taille ou à la couleur des cheveux. Les Klein sont en principe des hommes tout petits, contrairement aux Lang et aux Gross, qui impressionnent par leur taille ou par leur carrure. Les Weiss ont les cheveux blancs, les Schwartz sont très bruns, au même titre que les Braun, et les Roth sont des rouquins. Plus surprenants les très nombreux Fuchs (allemand Fuchs = renard), surnom donné sans doute à un homme rusé, éventuellement à un rouquin.

Mais l’animal le plus représenté dans les surnoms alsaciens est le loup, avec le nom de famille Wolff. En fait, il s’agit plus fréquemment d’un nom de personne que d’un surnom, et il a été souvent porté par des juifs, qui avaient utilisé un certain nombre de noms d’animaux évoqués dans le testament de Jacob, où il est écrit notamment : “Benjamin est un loup rapace, le matin il dévore une proie, jusqu’au soir il partage le butin.” (Genèse, 49:27). Et donc Wolff est devenu chez les askhénazes l’équivalent du prénom Benjamin. De la même manière, les noms Hirsch, Hirtz, Herz, Hertz renvoient souvent au prénom biblique Nephtali : “Nephtali est une biche rapide, qui donne de beaux faons” (49:21). Mais, répétons-le, ces interprétations ne sont valables que pour les familles d’origine juive.

Parmi les autres surnoms répandus, notons le combattant (Kempf) l’homme libre (Frey), et les sobriquets toujours difficiles à interpréter que sont Koenig (König) et Kaiser, qui signifient respectivement roi et empereur.

Les noms d’origine géographique

Même s’ils ne sont pas en tête du hit-parade, ils constituent une énorme partie des répertoires alsacien et allemand. Il y a d’abord ceux qui renvoient à des pays : les Schweitzer viennent de Suisse, et les Schott, Schotte d’Ecosse (mais Schott peut aussi être un toponyme avec le sens de lieu caillouteux). Mais il y a surtout, seuls ou en composition, des noms tels que Bach (cours d’eau, ruisseau), Baum (arbre), Berg (sommet, montagne), Burg, Borg (forteresse), Haus, Hauss (maison), Holz, Holtz (bois), Rohr (roseau), Stein (pierre, rocher), que l’on retrouve dans d’innombrables noms de villes, de villages ou de lieux-dits.

Si votre nom est alsacien, se compose de plusieurs syllabes et se termine par -er, il y a de fortes chances pour qu’il désigne l’habitant d’une ville ou d’un village.

On a d’ailleurs coutume de dire que, pour connaître la signification d’un nom alsacien ou allemand, il faut d’abord prendre un dictionnaire allemand-français, afin de découvrir les noms de métiers et les surnoms, puis un bon atlas afin de repérer les toponymes. C’est évidemment un peu simpliste, mais ça marche souvent !

Retrouvez vos ancêtres !
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