La ville d'Ablain-Saint-Nazaire, dont la superbe église en ruine témoigne aujourd'hui encore, dans une cité redevenue vivante et dynamique, de la dimension de la tragédie dont elle a été victime, pendant la Première Guerre mondiale (destruction à 100 %), est le plus souvent citée dans la seule perspective de cette apocalypse meurtrière et des combats terrifiants qui eurent lieu en mai et juin 1915, pour la conquête du plateau de Notre-Dame-de-Lorette. L'importance attachée à une catastrophe de cette ampleur est aisément compréhensible, mais l'ouvrage de l'abbé Delwail a le mérite de nous rappeler qu'Ablain-Saint-Nazaire eut une histoire riche et singulière bien avant ces événements tragiques et il restitue ainsi le passé de la localité dans son intégralité jusqu'à la fin du XIXe siècle. En effet, décrivant tout d'abord avec précision les beautés du site et la topographie des lieux, il s'attache ensuite à l'évocation des origines du village (XIe siècle), à la description détaillée de son église, édifiée au début du XVIe siècle par les seigneurs de Carency qui cohabitaient sur le fief avec les seigneurs d'Ablain, et il retrace l'évolution de leurs familles jusqu'à l'époque contemporaine. Par ailleurs, les « biens des pauvres », l'hospice d'aliénés et la confrérie des charitables montrent à quel point on se souciait des détresses humaines dans la cité, le pèlerinage annuel (très fréquenté) en l'honneur de saint Nazaire apparaissant, de son côté, comme une manifestation évidente de ferveur religieuse.
Cet état d'esprit demeurera inchangé sous la Révolution au cours de laquelle les excès seront peu nombreux et la fidélité à la foi chrétienne entière, le curé du village préférant l'exil à la prestation du serment constitutionnel et le « culte caché » étant assuré par un dominicain qui officiera jusqu'en 1798, année de son arrestation. Cependant, l'église, remarquable par la richesse de son architecture, de sa décoration et de son mobilier, n'échappera pas à la cupidité des démolisseurs et elle ne sera réellement restaurée que dans la seconde moitié du XIXe siècle. Après la Révolution, les pélerins se rendront en grand nombre à la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette, au point que celle-ci sera reconstruite avec le concours de tous les habitants de la cité (1815), puis transformée en église (1880) et le succès de ce pèlerinage se confirmera tout au long du siècle, alors que la ville se transforme, que le système scolaire s'organise, que les voies de communication s'améliorent et que le chemin de fer (Lens-Frévent) est présent, ainsi que l'industrie houillère à Lens. Le pays d'Ablain n'est plus exclusivement agricole comme autrefois, le matérialisme grandit, mais la piété demeure et le pèlerinage de 1897 apparaît comme « l'un des plus importants et des plus fréquentés du diocèse d'Arras ». © Micberth
09/05/2016
Heureuse qu' on ait réédité ce recueil dont j' ai beaucoup entendu parler .