Le lac de Paladru

Le lac de Paladru doit son existence, en partie tout au moins, à l'action des glaciers.

Des hommes vinrent s'y établir dès l'époque néolithique et il fut le séjour de plusieurs agglomérations.

Dès 1860, le professeur Fournet avait indiqué aux archéologues que les pilotis présents à Paladru devaient appartenir à des constructions lacustres. La nature et la forme des objets découverts au moment où l'abbé Millon écrivait son ouvrage, indiquaient que les palafittes étaient au moins habités à l'époque carolingienne. La présence de débris céramiques romains autorise à penser que la station devait être prospère au V^e ou VI^e siècle.

Tandis que le rivage était désert, les flots étaient envahis par le bruit et le mouvement. La fumée tourbillonnait au-dessus des cabanes, la population s'agitait sur les plateformes, les canots allaient et venaient d'un groupe de maisons à l'autre. L'absence de céramique vernie indique que les palafittes furent certainement abandonnés au XIII^e siècle. Les habitants paraissent s'être retirés sur la terre ferme volontairement, sans violence ni contrainte, emportant tout ce qui pouvait leur être utile. Ils furent probablement attirés par une plus grande sécurité et une plus grande facilité de vie apportées par les progrès de la civilisation et de la culture mais aussi par l'établissement des seigneuries de Paladru, de Clermont-Tonnerre et de La Tour du Pin.

Les châteaux forts de ces trois maisons remontent en effet au moins au début du XII^e siècle. En 1251, les seigneurs de la Tour du Pin avaient donné la terre de Paladru aux seigneurs de Clermont, en augmentation de fief. Dès lors, le seigneur de Paladru eut deux suzerains : le seigneur de la Tour et le seigneur de Clermont.

Le lac appartint d'abord aux habitants des palafittes. Quand le droit de propriété leur échappa, ils conservèrent certains usages de pêche, de barque et autres, qu'eux-mêmes et leurs descendants pratiquèrent librement et qui furent confirmés par la suite.

Au moment de la Révolution, le lac était divisé, au point de vue propriété et pêche, en quatre parts distinctes : la part des de Barral ; la part des chartreux de la Silve bénite dont le monastère était bâti au milieu de la forêt ; la part des Clermont ; la part relevant de « la pêche appelée de Leysine de l'eau du lac de Paladru » accordée en emphytéose perpétuelle aux habitants de Colletière. Avec le bouleversement des institutions, la question de l'appartenance du lac entraîna une lutte mouvementée entre les riverains, les héritiers des anciens seigneurs, les communes et l'État. © Micberth