« Ce devait être, en effet, un fier castel que cette antique forteresse, dont les ruines perchées comme un nid d'aigle au sommet d'un dick basaltique, ont survécu à cinq ou six sièges et semblent braver les injures du temps et le pic des démolisseurs ».
Si la tradition galante attribue sa construction à Jules César en faveur de la belle Lucie, l'origine du château de Charlus est vraisemblablement contemporaine des premiers siècles de l'ère féodale. La simple châtellenie de Charlus fut érigée en baronnie au commencement du XVe siècle au profit de Pierre de Beaufort, vicomte de Turenne, et en comté vers la fin du XVIe siècle, en faveur de Charles de Lévis, baron de Charlus, par lettres patentes d'Henri III en 1586.
Lorsque la châtellenie passa de la maison de Ventadour à celle de Roger-Beaufort-Turenne en 1351, elle représentait une sorte de parallélogramme de six lieues de long sur quatre lieues de large, dans le périmètre duquel étaient englobées tout ou partie de dix-huit paroisses.
Á la suite de la désastreuse bataille de Poitiers, la trêve de Bordeaux amena la création des compagnies de routiers qui se répandirent dans la Haute-Auvergne en 1357. Sa position presque inaccessible et la sûreté de ses remparts protégés par une couronne de tours crénelées préservèrent sans doute la forteresse de Charlus du premier choc de ces aventuriers cosmopolites.
Mais dans une deuxième période (de 1370 à 1408), elle subit une série de sièges mémorables. Le château fut confisqué au profit de la duchesse de Berry mais dès 1412, Jean de Curières en fut nommé gouverneur par le maréchal Boucicaut.
Entré de nouveau en possession de la famille Ventadour, le domaine passa à la famille de Lévis pour trois siècles, grâce au mariage de Blanche avec Louis de Lévis, baron de la Voute en 1472. Ce fut l'occasion de réjouissances extraordinaires auxquelles avaient été conviés les manants et les vilains ; mais dans ce temps, ceux qui dansaient, payaient les violons, par le biais de la taille aux quatre cas.
Lorsqu'il hérita de son père, Claude de Lévis, en 1593, Jehan II jouissait de possessions territoriales considérables. Il partageait entre les châteaux de Charlus, de Granges et de Poligny, ses résidences favorites, les loisirs que lui laissaient le service du roi et ses charges à la Cour.
Type accompli de ces grands seigneurs de la fin du XVIe siècle, au cœur ardent et à l'humeur batailleuse, qui suivirent, tour à tour, sans trop de scrupules, le parti du roi ou celui de la Ligue, il succomba en octobre 1611, dans un combat inégal à vingt-cinq contre un, sous les coups de ses voisins qui passaient pour ses amis. © Micberth
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