Comment aborder un écrit d’origine inconnue ? (partie 1)

Le 23 août 2023 par Frédéric Thébault

Chaque mois, Béatrice Beaucourt, paléographe professionnelle, vous propose une courte leçon destinée à vous familiariser avec les écritures anciennes.

La France d’Ancien Régime était très largement un pays de culture orale, où les rapports humains s’établissaient surtout par la parole et par le geste. L’écrit y tenait une place mineure. A la fin du XVIIe siècle (1686-1690) le royaume comptait 79% de personnes incapables de signer et cent ans plus tard (1786-1790) 63% des personnes étaient encore incapables de signer. 

La capacité à écrire était majoritairement le fait de professionnels de l’Ecrit ou de personnes en ayant ressenti le besoin dans le but d’administrer leurs affaires, ou leurs biens, à un moment ou à un autre de leur existence.

Ces écrits produits dans le secret d’une boutique, d’un atelier, d’une maison bourgeoise, ou noble, ne répondent pas aux mêmes normes que ceux rédigés dans le cadre de la paroisse ou de l’étude notariale. Ils sont en cela bien souvent déroutants pour le débutant en paléographie qui ne peut être guidé dans sa lecture ni par la structure du texte ni par la présence de formules juridiques ou religieuses connues et reconnues par ce dernier. 

C’est la raison pour laquelle, je vous propose d’aborder trois de ces écrits afin de mettre en évidence leurs spécificités comme autant de garde-fou prévenant toutes tentations d’essayer de deviner au lieu de lire…

Voici le premier d’entre eux. Il s’agit d’une lettre datée du 20 août 1742 envoyée depuis Lyon par madame Pecoul de Sève à son notaire (manuel de paléographie moderne du XVIe au XVIIIe siècle, à l’usage des généalogistes, page 59).

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Je vous laisse en prendre connaissance, puis en dégager les principales caractéristiques qui vous serviront de garde-fou pour garantir, autant que faire se peut, une lecture objective !