Entretien avec Familles Parisiennes : des bénévoles au service de l’histoire et de la généalogie

Le 17 févr. 2023 par Frédéric Thébault

L’association “Familles Parisiennes”, numérise depuis des années, patiemment et pour la postérité, des archives difficiles d’accès et les publie ensuite sur Geneanet. Un travail formidable qui méritait d’obtenir un large écho.

Pouvez-vous présenter brièvement Familles Parisiennes ?

L’association des Familles Parisiennes est née en 2006 sur une idée de Jacques Le Marois. L’absence d’état civil antérieur à 1860 et des registres paroissiaux antérieurs à la révolution à Paris rendait les recherches généalogiques particulièrement difficiles, les incendies de la Commune de Paris ayant détruit les originaux de l’état civil avec leurs doubles. La mutualisation et la mise à disposition des données, alors éparpillées chez les chercheurs, était indispensable pour pouvoir réaliser une généalogie parisienne. Au delà de cette compilation et grâce au développement des outils numériques, il est vite apparu qu’il serait possible de numériser les archives sauvegardées, de les mettre en ligne et de les indexer.

Quel est le travail que fournit Familles Parisiennes ?

Les Familles Parisiennes ont opéré sur deux sites. À l’origine, c’est au CARAN (Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales) que nous avons numérisé les registres des clôtures d’inventaire, suivis en 2007 par le projet des tutelles. Comme nous l’avait alors dit un conservateur, c’était un projet ambitieux équivalent à “vider le lac du bois de Boulogne à la petite cuillère”.
Quinze ans plus tard, sur les 2191 liasses de tutelles, il n’en reste plus que 111 à numériser.
Quatre ans plus tard, vers 2011, est né un nouveau projet : les personnes qui numérisaient sur place en profitant pour consulter des actes notariés pour leur usage personnel, l’idée leur est venue de mettre en ligne les images photographiées. C’est le début du grand projet des minutes de notaires.

Celui-ci se déroule de la façon suivante :

  • carottage, numérisation des actes de 1730, 1731 et 1800.
  • numérisation des inventaires après décès fin du 16e-début du 17e. Ceux-ci sont conservés dans des liasses propres : ils sont numérisés, analysés par les paléographes, indexés dans un tableur pour Geneanet et transmises au CARAN. C’est toute une chaîne de bénévoles qui travaillent sur le projet, et celui-ci arrive à son terme.
  • numérisation des minutes généalogiques dépourvues de répertoire, ce que nous appelons les lacunes. Encore un lac à vider, mais le CARAN mène un projet équivalent et nous échangeons.

Toutes les minutes numérisées sont ensuite publiées sur Geneanet gratuitement, et indexées par des bénévoles.
À l’occasion, nous rendons des services aux chercheurs ou historiens amis, mais nous ne faisons pas de publicité car nous essayons de rester sur notre objectif généalogique.

Sur les 122 études parisiennes, 120 ont des archives conséquentes. On trouve pour chaque étude de 1500 à 1700 cartons, allant parfois jusqu’à 1900, ce qui représente environ 200 000 cartons au total ! Nous en avons ouvert 5 300 en 10 ans… Nous sommes fiers de nous, mais on laissera de quoi faire aux générations futures, il faut aussi qu’elles découvrent le plaisir de renifler la poussière.

Nous avons aussi lancé un projet particulier : l’indexation des minutes à intérêt généalogique (inventaire après décès, contrats de mariages, testaments…) de l’ancien régime, relevées sur  les répertoires des notaires numérisées par le CARAN. Trois quarts  des études ont été étudiées à ce jour, soit presque 900 000 actes extraits. C’est le projet répertoire.

Aux Archives de Paris, deuxième site où nous avons opéré, nous avons numérisé les registres de la Collection Mayet et les BMS de la paroisse Saint-Eustache, puis une fois ce travail terminé les insinuations (série DC6) des contrats de mariages et des testaments ont été photographiées.

Comment se déroulent les opérations de numérisation ?

En moyenne et actuellement six personnes travaillent au CARAN, à Paris, et une aux Archives départementales de Paris. Les bénévoles interviennent une fois par semaine, entre trente et quarante semaines par an, chacun selon ses disponibilités.
Au CARAN les outils de numérisation restent sur place, ce sont soit des appareils photos numériques connectés (CANON), soit des scanners de table (CZUR). Le nombre de vues produites par séance varie de 500 à 1500, avec des records à 2000 !

Quels sont les actes les plus étonnants que vous avez pu croiser ?

On est assez blasés, toutes les familles régnantes, les artistes sont passées par là, et les actes remarquables ont été extraits des liasses pour être conservées séparément. Mais le plus étonnant était un bail pour une vache (une personne avait loué sa vache !)


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188 commentaires

Ce travail de Familles Parisiennes m’a permis de repartir de l’avant. Lors de mes premières recherches à Paris (1983 – 1984), j’avais naturellement “travaillé à l’ancienne”, comme on le faisait à l’époque, aux AD de Paris et au minutier central des notaires. Mais je m’étais rapidement trouvé bloqué dans presque toutes les racines au niveau de personnes nées vers 1725 – 1750, tout en sachant que la suite était quelque part dans des dizaines de milliers de pages de liasses et de registres conservés mais pour lesquelles il me manquait le bout du fil de la pelote à dévider, la clé d’entrée et, à l’époque, le temps pour me plonger dedans “à la pêche à l’aveugle”. Et Familles Parisiennes constitue désormais l’essentiel de mon trousseau de clés…


nimapei
17/03/2023

Merci pour toutes ces nouvelles options de recherches mises à disposition pour le plus grand nombre. Aux AD des Vosges j’ai eu l’occasion de numériser des registres complets de certains notaires. J’aurais plaisir à les communiquer. J’ai déjà tout partager avec des personnes directement intéressées et leur ai demandé de partager aussi. Que puis-je faire pour les intégrer à la base de généanet ?


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