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Le 24 avr. 2017 par Frédéric Thébault

  A la découverte des écrits d’Ancien Régime Rien n’est plus troublant, pour le non initié, que la découverte des écrits d’Ancien Régime (1492-1789). Cela n’a rien d’étonnant… D’abord parce que chaque lettre possède plusieurs graphies. La lettre « e », par exemple, possède 6 graphies, dont 4 sont induites par la rapidité d’écriture. Une graphie héritée […]

 

A la découverte des écrits d’Ancien Régime

Rien n’est plus troublant, pour le non initié, que la découverte des écrits d’Ancien Régime (1492-1789).
Cela n’a rien d’étonnant…

D’abord parce que chaque lettre possède plusieurs graphies.

La lettre « e », par exemple, possède 6 graphies, dont 4 sont induites par la rapidité d’écriture.

Une graphie héritée de l’écriture gothique, en usage jusqu’aux environs des années 1630 :

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Une graphie ronde, empruntée aux alphabets parus à partir des années 1640 :

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Des graphies issues de ces deux alphabets, mais déformées en raison de la rapidité d’exécution des lettres et de l’apparition d’une écriture personnelle à chaque scribe. En voici un exemple :

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Ensuite parce que les scribes utilisaient un système d’abréviations complexe que nul ne peut décoder s’il n’en possède pas les clés de lecture.

Enfin, parce que cette écriture est déstabilisante pour nous lecteurs du XXIe siècle habitués à une écriture normalisée :
L’orthographe n’est pas fixe. Un même mot peut être décliné sous deux, trois orthographes différentes, voire de façon fantaisiste.

4

Le scribe a ici écrit « dinoranse » pour « d’ignorance ».

La syntaxe est aléatoire. Plusieurs lectures sont parfois nécessaires pour enfin saisir le sens d’un texte.

La ponctuation est inexistante pour une grande partie des XVI, XVII et XVIIIe siècles, en découle une disposition aléatoire des majuscules. Ainsi les débuts de phrases, comme les noms propres, ne portent pas systématiquement de majuscules:

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Le scribe a ici écrit : « andré mollin sergent Royal… »

En outre, force est de constater, non seulement, une quasi absence de cédille et d’apostrophe jusque dans un XVIIIe siècle avancé, mais encore, une coupure des mots qui n’est pas toujours heureuse, le scribe n’ayant pas toujours pris la peine de couper les mots entre eux.

Alors oui, je ne suis nullement étonnée lorsque l’on me rapporte que la lecture des actes d’Ancien Régime bouscule et désarçonne l’innocent néophyte venu jusqu’à elle…


 

 


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231 commentaires

madame, j’ai plusieurs fois consulté vos articles fort instructifs. Merci beaucoup. pierre B


Une très bonne idée pour faire de l’enseignement gratuit. En ai-je le droit ?si bien sur je site mes sources.


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