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Le bistrot, c'est l'endroit où vous venez raconter vos dernières trouvailles, une découverte inattendue que vous avez faite, une rencontre émouvante, ou débattre des problèmes qui se posent à vous pendant vos recherches généalogiques, sans oublier les questions d’éthique en matière de généalogie et d'Internet.
alainrogeraudo
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Message par alainrogeraudo »

Bonsoir,


Travaillant sur un acte notarié de 1761 en Savoie, j'ai été surpris de voir que le testateur demander dans son testament à son fils aîné (et l'un des trois héritiers) de faire apprendre à  un de ses frères à lire et écrire. Ce fils aîné est tuteur d'un de ses frères et curateur du troisième . J'avais déjà vu que des testateurs pensaient à la pension pour leurs veuves, à des répartitions de l'héritage, à des mises en apprentissage,...mais c'est la première fois que je vois cette mention. Je précise que cette famille est une modeste famille de laboureur. Cela me laisse à penser que nos ancêtres n'étaient pas si illettrés que cela.
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Message par micgail »

Bonjour,
Pourquoi ne pas montrer ledit acte ? Pensez vous que sur un forum de généalogie cela n'intéresserait personne ?
Micgail
jerome4
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Message par jerome4 »

alainrogeraudo a écrit : 24 octobre 2017, 19:34 Bonsoir,


Travaillant sur un acte notarié de 1761 en Savoie, j'ai été surpris de voir que le testateur demander dans son testament à son fils aîné (et l'un des trois héritiers) de faire apprendre à  un de ses frères à lire et écrire. Ce fils aîné est tuteur d'un de ses frères et curateur du troisième . J'avais déjà vu que des testateurs pensaient à la pension pour leurs veuves, à des répartitions de l'héritage, à des mises en apprentissage,...mais c'est la première fois que je vois cette mention. Je précise que cette famille est une modeste famille de laboureur. Cela me laisse à penser que nos ancêtres n'étaient pas si illettrés que cela.
Au milieu du XVIème siècle, il y en a pas mal qui savait lire et écrire, même si certains ne savaient écrire que leur nom.
Cela dépendait aussi des régions.
Vous écrivez "une modeste famille de laboureur", laboureur peut-être, mais "modeste", peut-être pas... ;)
pascaller
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Re : Lire et ecrire

Message par pascaller »

Bonjour,

En 1877, l'ancien recteur de Nancy Louis Maggiolo a réalisé une vaste enquête auprès des instituteurs, leur demandant de relever dans les registres la proportion d'hommes et de femmes sachant signer leur acte de mariage en 1686-1690, 1786-1790, 1816-1820 et 1872-1876. Cette étude a été exploitée par François Furet et Jacques Ozouf (Lire et écrire. L'alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, 1977).

Pour la deuxième période, à la veille de la révolution, le taux des hommes qui savent signer dépasse 70%, voire 90%, dans certains départements du Nord, de la Normandie à la Lorraine en passant par Paris. A l'inverse, il est inférieur à 10% dans certains départements de l'Ouest comme le Morbihan ou les Landes. Le taux des femmes sachant signer est partout très inférieur, mais non négligeable dans le Nord. Le taux est plus élevé en ville qu'à la campagne, ce qui explique en partie les différences entre les départements urbanisés du Nord et ceux de l'Ouest et du Sud. Le taux de signature ne témoigne évidemment que d'une alphabétisation minimale et ne veut pas dire que les personnes qui savaient écrire leur nom étaient très à l'aise avec l'écrit.
http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/23384/img-2.png

Maggiolo n'a pas étudié la Savoie, qui n'était pas française pendant la plus partie de la période prise en compte. Dans les département voisins, les taux de signature des hommes sont de 20 à 30% dans l'Ain et de 30 à 40% en Isère. Il est beaucoup plus élevé dans le Jura et le Doubs.

Pascal
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Re : Lire et ecrire

Message par micgail »

jerome4 a écrit : 25 octobre 2017, 08:25
alainrogeraudo a écrit : 24 octobre 2017, 19:34 Bonsoir,


Travaillant sur un acte notarié de 1761 en Savoie, j'ai été surpris de voir que le testateur demander dans son testament à son fils aîné (et l'un des trois héritiers) de faire apprendre à  un de ses frères à lire et écrire. Ce fils aîné est tuteur d'un de ses frères et curateur du troisième . J'avais déjà vu que des testateurs pensaient à la pension pour leurs veuves, à des répartitions de l'héritage, à des mises en apprentissage,...mais c'est la première fois que je vois cette mention. Je précise que cette famille est une modeste famille de laboureur. Cela me laisse à penser que nos ancêtres n'étaient pas si illettrés que cela.
Au milieu du XVIème siècle, il y en a pas mal qui savait lire et écrire, même si certains ne savaient écrire que leur nom.
Cela dépendait aussi des régions.
Vous écrivez "une modeste famille de laboureur", laboureur peut-être, mais "modeste", peut-être pas... ;)
Euh !.....en 1761, on serait plutôt au XVIIIème siècle..... ;)
alainrogeraudo
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Bonjour,

Merci à tous pour vos réponses.

Je voulais juste exprimer mon étonnement devant le fait que le testateur demande à son héritier que son troisième fils apprennent à lire et à écrire. Cela m'a fait bizarre de voir ce point évoqué dans un testament.

Encore une fois merci

Bonne journée

Alain ROGER AUDO
jerome4
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Re : Lire et ecrire

Message par jerome4 »

micgail a écrit : 25 octobre 2017, 09:03
jerome4 a écrit : 25 octobre 2017, 08:25
alainrogeraudo a écrit : 24 octobre 2017, 19:34 Bonsoir,


Travaillant sur un acte notarié de 1761 en Savoie, j'ai été surpris de voir que le testateur demander dans son testament à son fils aîné (et l'un des trois héritiers) de faire apprendre à  un de ses frères à lire et écrire. Ce fils aîné est tuteur d'un de ses frères et curateur du troisième . J'avais déjà vu que des testateurs pensaient à la pension pour leurs veuves, à des répartitions de l'héritage, à des mises en apprentissage,...mais c'est la première fois que je vois cette mention. Je précise que cette famille est une modeste famille de laboureur. Cela me laisse à penser que nos ancêtres n'étaient pas si illettrés que cela.
Au milieu du XVIème siècle, il y en a pas mal qui savait lire et écrire, même si certains ne savaient écrire que leur nom.
Cela dépendait aussi des régions.
Vous écrivez "une modeste famille de laboureur", laboureur peut-être, mais "modeste", peut-être pas... ;)
Euh !.....en 1761, on serait plutôt au XVIIIème siècle..... ;)
Oui bien vu!  :D
nbernad
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Message par nbernad »

Bonjour,

J'ai aussi rencontré ce genre de demande en Aveyron;(rarement): faire payer des études à un non-héritier, choisi par l'héritier, dans le but qu'il puisse, en sachant lire et écrire, accéder à la prêtrise.
Une manière de compenser peut-être l'inégalité de traitement devant l'héritage.
Les filles étaient dotées à leur mariage ou recevaient une somme pour leurs 25 ans
Et tout ceci, décidé par le père et exécuté par le fils héritier  ;)

Nadine
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Message par dbassanobarat »

La carte de M. Maggiolo correspond à ce qu'à mon tout petit niveau j'ai pu voir. Dans les Landes bien rares ceux qui signent. Mais parfois j'ai vu de curieuses choses, les curés (ou les scribes) sont tellement habitués à écrire " a déclaré ne savoir, de ce requis" pour la signature qu'ils l'écrivent parfois pour des gens qui savent signer. Autres choses bizarres que j'ai pu voir: il y a des "régents" (instituteurs) dans les paroisses recrutés pour apprendre à lire aux enfants et payés par la "fabrique" de la paroisse, or bien peu de paroissiens signent tous les actes qui les concernent eux ou leur famille.
Dans "mes" paroisses des Landes, seuls les fils de "voisins" (pas de métayers, ni de brassiers) avaient la possibilité de devenir prêtres , or la plupart des gens des familles paysannes "voisines" ne signent pas, ce qui paraît bizarissime, je me demande si le pourcentage inférieur à 10% de la carte, n'est pas dû à l'oubli d'un paramètre spécifique à nos contrées très particulières que je ne repère pas,pas plus d'ailleurs que M.Maggiolo.
Enfin autre remarque que je me suis faite et que peut-être vous avez pu constater vous aussi c'est que quand les villages sont Réformés (Languedoc,Gévaudan; Vivarais) pas mal de paysans (hommes ), d'artisans signent, les femmes et les filles des milieux d'artisans aussi, mais avec les persécutions et les guerres de reconquête sous Louis XIII et pratiquement totalement après la Révocation de l'édit de Nantes, les mêmes dans les mêmes familles converties au catholicisme sont déclarés "illettrés" et ne signent plus... Est-ce réel ? je veux dire est-ce que les gens de la première génération de convertis ne signent pas pour ne pas se laisser repérer et n'apprennent-ils pas à lire à leurs enfants ? ou bien continuent-ils de faire lire les enfants des générations suivantes et ceux-ci continuent-ils à jouer  les illettrés ?
J'ai du mal à comprendre que quand une famille est capable de lire et écrire elle ne transmette plus pendant une,deux, trois générations cette capacité.
Cordialement
Dominique
micgail
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Message par micgail »

dbassanobarat a écrit : 03 décembre 2017, 15:54 Enfin autre remarque que je me suis faite et que peut-être vous avez pu constater vous aussi c'est que quand les villages sont Réformés (Languedoc,Gévaudan; Vivarais) pas mal de paysans (hommes ), d'artisans signent, les femmes et les filles des milieux d'artisans aussi, mais avec les persécutions et les guerres de reconquête sous Louis XIII et pratiquement totalement après la Révocation de l'édit de Nantes, les mêmes dans les mêmes familles converties au catholicisme sont déclarés "illettrés" et ne signent plus... Est-ce réel ? je veux dire est-ce que les gens de la première génération de convertis ne signent pas pour ne pas se laisser repérer et n'apprennent-ils pas à lire à leurs enfants ? ou bien continuent-ils de faire lire les enfants des générations suivantes et ceux-ci continuent-ils à jouer  les illettrés ?
J'ai du mal à comprendre que quand une famille est capable de lire et écrire elle ne transmette plus pendant une,deux, trois générations cette capacité.
Cordialement
Dominique
Bonjour,
N'étant pas d'ascendance réformée, je ne me livrerai qu'à des hypothèses élaborées à partir de lectures. Il semble que la Réforme se soit, à l'origine, développée, dans ce que nous appellerions, aujourd'hui, les "milieux d'affaires" : marchands, artisans, petite bourgeoisie etc...relativement instruits, et qui savaient, donc, lire et écrire.
On peut aussi penser que la transmission de cette instruction se fait, plus volontiers, pendant des périodes de stabilité sociale. S'il y a trop "d'agitation" (guerre, épidémies...), les gens pensent, d'abord, à survivre, et les savoirs qui se transmettent sont en relation avec cet impératif.
On a eu des exemples avec les grandes invasions. Plus récemment, j'ai pu constater, dans ma région, une assez nette régression de l'instruction, au moment de la Révolution et de l'Empire : les parents savaient signer, les enfants non (surtout dans les campagnes).
Je ne sais pas si des statistiques ont été élaborées sur ce sujet, mais je pense qu'elles devraient confirmer, plus ou moins, cet empirisme.
Bonne journée
Micgail
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Re : Lire et ecrire

Message par pelisson »

Bonjour,

Au sujet des Protestants, même si je ne pense pas que ça concerne ces laboureurs savoyards, leur alphabétisme plus poussé que les catholiques venait de leur pratique de la religion : la réforme insiste sur une lecture personnelle de la religion. En outre, de nombreux protestants étaient artisans, métier dans lequel l'écriture était importante.

Pour revenir à vos moutons, comme vous l'a dit Jérme4, les Laboureurs ne sont pas de modestes paysans mais les plus aisés. Dans l'Isère voisine, mes laboureurs savaient aussi signer dès le XVIIe, département dans lequel 50 % des hommes savaient signer au XVIIIe s (voir Dupaquier).

Bonne recherche
Pelisson
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Re : Lire et ecrire

Message par jerome4 »

pelisson a écrit : 04 décembre 2017, 08:59 Pour revenir à vos moutons, comme vous l'a dit Jérme4, les Laboureurs ne sont pas de modestes paysans mais les plus aisés.

Bonne recherche
Pelisson
Je n'ai pas dit ça!  ;)
"Laboureur" tout court  n'indique aucunement leur richesse ou leur statut. C'est un métier, et il y avait de riches laboureurs et de pauvres laboureurs.
Si ce sont des laboureurs propriétaires, dans ce cas on peut considérer qu'ils ont aisés et si ce sont des laboureurs métayers, dans ce cas, ils sont probablement plus pauvres
pelisson
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Message par pelisson »

Bonjour,
Alors pour préciser, Jérome4, en Dauphiné, voisin de la Savoie, le laboureur a un statut de personne aisée, il n'y a pas de laboureur pauvre !
Le laboureur est propriétaire de terres et possède même un attelage, les autres paysans sont qualifiés de journaliers (plus rarement métayers).
J'imagine que c'est bien différent selon les régions mais je suis sûr de moi pour le Dauphiné après mes lectures de B. Bonnin ou Bligny, spécialiste de l'histoire de cet espace.
Bonne recherche
Pelisson
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Message par chantal20 »

Bonjour,
En Haute-Saône je ne peux affirmer pour toutes les communes, mais j'en ai au moins une où la majorité des hommes sont qualifiés de laboureur, les autres étant cordonnier, charron... et très rarement manouvrier.
Cordialement
Chantal
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Message par pascaller »

Bonsoir,

En Normandie (pays de Caux en ce qui me concerne), les laboureurs représentent le sommet de la société villageoise, ils sont rarement propriétaires, le plus souvent fermiers des seigneurs, le métayage étant peu répandu, voire inexistant. Si je prends au hasard un rôle de la gabelle, celui de Longueil près de Dieppe
http://geneanormandie.free.fr/gabelle/longueil1747.htm
on constate que les laboureurs mentionnés ne sont que 10, soit environ 6% de la population, et à une exception près ils exploitent plus de 20 acres de terre, soit 10 hectares, ils possèdent plusieurs vaches et chevaux, une charrue, et logent éventuellement des serviteurs. Le laboureur tient presque systématiquement une ferme, il est donc locataire.
J'ai un ancêtre qualifié de laboureur dans tous les actes paroissiaux, qui exploite pas moins de 200 acres de terre pour un fermage de 2000 livres par an au milieu du XVIIIe siècle, d'après le bail que j'ai retrouvé. Il est aussi syndic de la paroisse.
Comme le dit Pelisson, il n'y a pas de laboureurs pauvres, en Normandie non plus. Leur niveau social va de moyen à élevé. Mais le terme a manifestement des sens assez différents d'une province à une autre...

Pascal
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