Histoire de la ville de Poissy

Dans son introduction, Octave Noël rappelle les propos de M. Zeller qui considère que l'histoire est non seulement une science mais un art. Il est vrai qu'il propose un ouvrage très vivant pour lequel il a cherché jusque dans la sculpture ou la littérature, les souvenirs de son pays natal, pour faire partager sa passion au lecteur. Le passé de la ville est très riche et l'auteur sait relater aussi bien les grands événements que les faits plus anecdotiques, voire irréels. Il rapporte ainsi une légende à propos du blason à fleurs de lys des rois de France. Peu de temps avant la bataille de Tolbiac, Clovis ayant sollicité sa femme pour qu'elle lui procure un étendard auquel pourraient se rallier ses guerriers, celle-ci alla consulter un saint ermite. Il cueillit trois fleurs de lys qu'il jeta sur une étoffe blanche. Les fleurs s'imprimèrent sur le tissu. L'auteur qui semble vouer une admiration sans borne pour ce monarque, serait certainement heureux de constater la présence d'une statue de saint Louis à Poissy. Il s'insurge en effet avec fougue contre son absence à l'heure de la rédaction de son livre, y voyant la preuve du manque de reconnaissance et de sentiment de l'honneur national chez ses compatriotes. Ce sont ces mêmes sentiments d'admiration et de révolte face à ce qui relève pour lui de l'ingratitude, que lui inspire le personnage de Jeanne d'Arc. Il n'hésite pas à la considérer comme le « second messie de Dieu, la plus grande figure du monde ancien et moderne après le Christ ». Octave Noël est un homme entier dont l'enthousiasme pour ses héros n'a d'égal que son mépris pour les individus dont il rejette l'action. Ainsi Louis XV pâtit d'un jugement sévère : « Ce règne honteux, où la courtisane trônait avec faveur, où la morale, la sainteté étaient bannies ». Philippe le Bel lui inspire des propos acerbes : « Ce prince despote, au génie puissant et actif () étouffant sous sa main redoutable la féodalité tremblante, le roi faux-monnayeur avait ameuté contre lui de sourdes et redoutables colères ». Heureusement, l'auteur avait prévenu dans son introduction que l'impartialité, « cette grande maîtresse de l'Histoire », a présidé à cet écrit.
© Micberth